Italie, Serra del Cedro (Basilicate)

Italie, Serra del Cedro (Basilicate)

Lucanie

Italie du Sud

fouilles

chantier archéologique

La présente collection se compose de 8 photographies réalisées par Pascal Lévy et 2 par O. de Cazanove pendant l'été 2018 sur le chantier archéologique de Serra del Cedro dirigé par Olivier de Cazanove même (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Stéphane Bourdin (Université Lumière Lyon 2).

Le site de Serra del Cedro, qui culmine à 858 m d’altitude, remonte à l’époque archaïque, comme la majorité des sites de la région. L’habitat est alors peut-être limité à l’un des sommets, tandis que les tombes se disposent sur les pentes.
Au IVe s., le bâti investit désormais l’ensemble du petit massif, tandis que les nouvelles tombes sont reléguées en périphérie. Une enceinte enserre une superficie d’env. 30 ha. Les sépultures archaïques, elles, se retrouvent englobées dans l’habitat hellénistique.
Une grande habitation, la “maison alpha”, est en cours de fouille depuis 2016. C’est une “maison à pastas élémentaire” typique (avec pastas transversale partiellement portiquée sur laquelle s’ouvrent trois pièces). La pastas occupe plus de 80 m2 et communique avec l’extérieur par un large seuil, au centre duquel se trouvait une colonne dorique dont a été retrouvé le chapiteau en position de chute. Dans un deuxième temps, l’esplanade devant la maison a été enclose, et la cour extérieure ainsi formée a été en partie envahie de pièces annexes, qui ont affecté le bâti existant.
Nos recherches documentent un site d’habitat étendu, densément occupé, et dont la deuxième phase est contemporaine de celle de Civita di Tricarico, 12 km plus à l’ouest.

Le chantier de fouille rentre dans le programme de recherche de l'Ecole française de Rome "Ignobilia Oppida Lucanorum".

Le programme Ignobilia oppida Lucanorum est en cours depuis 2013. Il résulte d’une collaboration entre l’École Française de Rome et la Surintendance de Basilicate. Le Centre Jean Bérard, l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, l’UMR 7041 ARSCAN, l’École Normale Supérieure figurent aussi parmi les institutions partenaires. Le programme compte quatre axes principaux : la fouille des sites d’habitat de Serra del Cedro et de Civita di Tricarico ; des prospections sur plusieurs communes des provinces de Potenza et de Matera, dans l’actuelle région Basilicate; et l’étude architecturale du sanctuaire de Rossano di Vaglio. Le programme vise en effet à comprendre l’organisation territoriale antique d’un district dont le grand lieu de culte de la déesse Méfitis, près de l’église de la Madonna di Rossano, représente un pôle majeur. Son rayonnement et ses institutions intéressaient vraisemblablement tout le secteur. Pour restituer les logiques d’implantation et de circulation, on s’intéresse aux habitats fortifiés, aux établissements ruraux, aux lieux de culte mineurs, au réseau viaire, aux pistes de transhumance. On utilise pour cela plusieurs outils combinés : la fouille archéologique, mais aussi la prospection pédestre et géophysique, la photographie aérienne, des prélèvements, des modèles numériques insérés dans un SIG. On a également recours au dépouillement de la cartographie, des cadastres anciens et des archives textuelles.

La comparaison entre les deux sites de Civita di Tricarico et Serra del Cedro est instructive à tous égards, par exemple du point de vue du faciès céramique, mais aussi de la forme même du site, et des maisons qui s’y élèvent. Ce sont deux agglomérations vastes, denses, organisées. Il est apparemment d’autant plus surprenant de les trouver à si peu de distance l’une de l’autre. La même chose peut être dite pour le grand site de S. Chirico Nuovo, à 5 km au nord de Civita di Tricarico. Les trois sites ont vécu une partie de leur existence ensemble, sur des territoires cumulant une centaine de km2. On pensait communément que la Lucanie, comme la majeure partie de l’hinterland indigène de la péninsule, était restée à l’écart de l’« Italie des cités », qu’elle n’avait accédé que tard et de manière limitée au fait urbain. Ce modèle, trop simple et linéaire, est désormais remis en question.