La mise en image des miracles du Christ est une tradition qui remonte à l'art des premiers chrétiens ; fréquentes dans les catacombes de Rome, tant sur les parois des nécropoles que dans le décor des sarcophages, ces scènes se retrouvent également dans le décor des églises, par exemple au VIe siècle à Saint-Serge de Gaza (dont ne subsiste qu'une ekphrasis) ou à Ravenne, à Saint-Apollinaire-le-Neuf. De même, elles apparaissent très tôt dans les manuscrits enluminés. Cependant, après l'iconoclasme ces scènes deviennent rares, et c'est seulement au Xe siècle qu'elles réapparaissent progressivement dans l'empire et ses multiples aires d'influence, notamment en Cappadoce dans les deux églises de Tokali. Après une notable absence de ces scènes dans les grandes fondations du XIe siècle comme Hosios Loukas ou la Nea Moni de Chio, le XIIe siècle témoigne d'un nouvel essor de cette iconographie, qui prolifère véritablement à partir du XIIIe siècle, aussi bien dans les églises de la capitale (avec trente-deux scènes recensées, l'un des plus importantes séries de miracles connues est celle de Saint-Sauveur-in-Chora) que dans les provinces, avec de nombreux cycles conservés dans les Balkans.
Les scènes de miracles abondent dans les quatre Évangiles, ce qui laisse aux artistes chargés d'exécuter les décors pariétaux une grande liberté dans le choix des scènes, qui, chronologiquement, sont comprises entre la fin de l'Enfance du Christ et le début de la Passion. Les événements que l'on peut regrouper parmi les scènes de miracles sont de nature variée, et ne sont pas constitués uniquement d'actions relevant du surnaturel : le terme grec qui s'y réfère, ?a?µa (la merveille), doit en effet être entendu comme renvoyant de manière assez large à des actions qui sortent du domaine du probable. Conversions, résurrections ou guérisons de diverses maladies en font ainsi partie.
Si l'historiographie s'est intéressée à ces miracles, c'est cependant de manière inégale. Ils ont été abordés de manière occasionnelle dans les ouvrages consacrés à l'ère paléochrétienne, période pendant laquelle l'iconographie du Christ thaumaturge est particulièrement abondante. Les cycles de miracles de la période tardo-byzantine ont eux aussi fait l'objet d'un certain nombre de travaux, qui posent les principaux jalons de l'étude des images dont il est question. Le douzième siècle a moins retenu l'attention des historiens de l'art, alors qu'il s'agit pourtant d'une période charnière dans l'histoire de ce cycle et de sa présence dans le décor pariétal.
Il faut avant tout recenser les scènes de miracles observables dans les édifices de l'époque. Cependant, en raison de la destruction des monuments constantinopolitains de cette période, seule une ekphrasis de l'église des Saints-Apôtres est conservée et permet de connaître l'art de la capitale. C'est donc vers les périphéries de l'empire qu'il faut se tourner pour trouver des décors qui incluent des représentations du Christ thaumaturge, notamment l'Italie, avec Venise et Monreale, et la Russie. De manière plus ponctuelle, ces scènes se retrouvent également en Grèce et en Géorgie. Trois monuments principaux ont donc été retenus pour cette exposition, qui s'appuie sur un mémoire de master 1 : l'église de la Transfiguration de Miroz (Pskov, Russie), la cathédrale de Monreale (Sicile) et la basilique Saint-Marc à Venise.