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Présence du cycle des miracles dans le décor du XIIe siècle

Eglise de la Transfiguration de Miroz, Pskov

Situé aux environs de la ville de Pskov, à l'ouest de la Russie, ce monument contient un important ensemble de fresques du XIIe siècle. L'église, fondée par l'archevêque Niphont de Novgorod, a été érigée entre 1136 et 1156, suivant un plan en croix grecque inscrite dans un carré surmonté d'une coupole, une conception architecturale qui a été rapprochée des édifices byzantins de la même époque. Fervent partisan d'une politique pro-grecque, Niphont a fondé dans la région de Novgorod plusieurs églises et monastères, dont la décoration a été confiée à des artistes grecs qui ont, entre autres, exécuté les fresques de Miroz. Celles-ci sont dans un état de conservation inégal : exposées aux crues printanières de la rivière Velikaia, qui ont entraîné la quasi disparition de la partie inférieure des peintures, elles ont également été blanchies au XVIIIe ou au début du XIXe siècle, et ont subi des restaurations à la fin du XIXe qui ont dû être ôtées au siècle suivant.

Un important cycle christologique se trouve dans cette église, qui compte quatorze scènes de miracles. Celles-ci sont généralement peu évoquées par les historiens de l'art. Quand elles sont mentionnées, c'est de manière souvent anecdotique, soit englobées dans un commentaire stylistique qui embrasse l'ensemble du décor, soit laissées volontairement de côté.

Des quatorze scènes de miracles de Pskov, toutes n'ont pas été conservées : certaines ont disparu en raison de l'ajout de fenêtres aux murs sur lesquels elles étaient peintes. Paul Underwood, dans ses travaux consacrés à l'église Saint-auveur-in-Chora, en propose cependant une liste qui tente de compléter les lacunes. Sur la paroi sud du bras sud du transept, on trouve ainsi les scènes suivantes : la Tempête apaisée, la Guérison de la fille d'une Cananéenne,  l'Homme à la main paralysée et la Guérison de dix lépreux. Sur le mur ouest de chacun des deux bras du transept, six scènes de miracles se suivent, trois de chaque côté. Dans le transept sud, on relève ainsi la Guérison de la belle-mère de Pierre, la Guérison de l'aveugle-né (divisée en deux épisodes) et la Guérison d'un paralytique. Dans le bras nord, la Résurrection de la fille de Jaïre, la Guérison de deux démoniaques et la Guérison d'un homme non identifié font pendant.

Dans le transept nord, le mur nord compte quatre scènes dont deux ont été endommagées par l'ajout d'une fenêtre ; il s'agit de la Rencontre du Christ et de la Samaritaine, suivie d'une scène non identifiable dont ne subsiste que la figure du Christ, de la Guérison de l'Hémorroïsse et d'une quatrième scène dont l'identification est elle aussi problématique : montrant une scène de banquet, le Christ y est représenté assis sur un trône tandis qu'une femme oint ses pieds ; Underwood estime qu'il pourrait s'agir du repas chez Simon le lépreux, relaté dans les Évangiles de Matthieu et Marc.

L'unité du cycle semble incontestable, comme en témoignent les deux figures de saints stylites qui ponctuent les scènes présentes sur la paroi ouest des bras nord et sud du transept, les isolant au sein de l'ensemble décoratif. Il faut signaler en outre la présence d'une autre scène miraculeuse en dehors du cycle de la Vie publique du Christ : la Pêche miraculeuse est en effet représentée immédiatement au-dessus de la Tempête apaisée sur le mur sud du bras sud du transept. L'isolement de cette scène est dû à son appartenance à un autre ensemble de fresques consacrées aux événements ayant suivi la résurrection du Christ.

Basilique Saint-Marc, Venise

 Après l'incendie de l'ancienne église, un nouveau chantier débute en 1063, et la basilique est consacrée au cours de la dernière décennie du XIe siècle. Lieu central de la vie politique et religieuse vénitienne, Saint-Marc abrite en outre les reliques de
l'Apôtre auquel elle est dédiée, qui y ont été translatées en 1094 et constituent rapidement le palladium de la cité des Doges. Très vite, elle est comparée aux Saints-Apôtres de Constantinople, tant par sa reprise du plan en croix grecque et des cinq coupoles de ce monument que par son inscription dans la légende apostolique à travers le culte des reliques de Marc. Un incendie ravage en 1106 le décor de l'édifice, qui est remplacé tout au long du XIIe siècle, sans qu'une datation plus précise ne puisse être établie, faute de sources. D'abondantes modifications ont été apportées au décor de Saint-Marc, en particulier au XVIe siècle, ce qui complique leur étude. Cependant O. Demus estime que l'essentiel du programme iconographique médiéval a été conservé. Nous mentionnerons dès lors les scènes de miracles ayant fait l'objet d'une restauration.

Si l'on tient compte des scènes lacunaires – la Résurrection de Lazare et la Résurrection de la fille de Jaïre notamment – , détruites à la suite du percement de la rose et de l'introduction dans le décor du monumental Arbre de Jessé, et en incluant les scènes restaurées, le cycle des miracles de Saint-Marc contient vingt-neuf scènes. Dans la voûte nord du carré central, tout d'abord, se trouvent cinq scènes restaurées : la Guérison de la fille de la Cananéenne, combinée à la Résurrection du fils de la veuve de Naïn ; le Dîner chez Simon ; la Guérison d'un lépreux, et les Noces de Cana. Dans la voûte nord du transept nord, les mosaïques originales ont survécu, et représentent les scènes suivantes : la Guérison du paralytique de Capharnaüm, la Tempête apaisée, la Guérison de l'hydropique et la Pêche miraculeuse. La voûte est du transept nord accueille cinq scènes ; l'une d'entre elles est restaurée, il s'agit de la Guérison de dix lépreux. On y voit également le Christ et la femme adultère, la Guérison du serviteur du centurion, la Guérison de l'hémorroïsse et le Christ chassant les marchands du Temple. Une sixième scène s'y trouvait originellement, probablement la guérison d'un démoniaque. En face, dans le transept sud, se déploient, dans la voûte est, le Christ nourrissant cinq mille hommes, la Rencontre du Christ et de la Samaritaine, la Guérison de l'aveugle-né, la Vocation de Zachée, le Christ marchant sur les eaux (cette scène a été restaurée) et la Guérison du paralytique de Bethesda. Enfin, dans la baie sud du transept sud, quatre scènes ayant fait l'objet de restaurations : la Guérison de deux démoniaques à Gadara, le Christ nourrissant quatre mille personnes, la Guérison de la belle-mère de Pierre et la Guérison d'une femme possédée par un esprit qui la rendait infirme. Deux autres scènes y étaient représentées : une guérison, peut-être celle de l'homme à la main desséchée, et un épisode non identifié.

 

Présence du cycle des miracles dans le décor du XIIe siècle