Passer au contenu principal

La vaisselle en céramique

Oenochoé à bec en impasto

Oenochoé à bec en impasto, Staaliche Museen zu Berlin

Aux époques proto-villanovienne (1200-900 av. J.-C.) et villanovienne (900-720 av. J.-C.), les productions céramiques sont marquées par l’impasto, un type de terre cuite réalisé à partir d’une argile peu ou pas dépurée. Sa surface tirant du rouge au noir est généralement décorée de motifs géométriques. (De Puma 2013, p. 86 ; Mazet 2015, p37). Initialement monté à la main (à partir de colombins d’argile vraisemblablement), des pièces sont par la suite façonnés au tour. Urnes cinéraires biconiques ou en forme de cabane sont typiques de cette production (Cottier-Angeli 1994, p.66 et s.).

Le banquet étrusque

A l’époque orientalisante, les contacts gréco-étrusques voient l’importation du vin et du banquet en Étrurie, accompagnée de toute la vaisselle associée à cette pratique. Cruches à vin (oenochoé, olpé) et coupes (kylix, canthare) côtoient tasses (kyathos) et vases servant à mélanger le vin et l’eau (cratère). Amphores et hydries (récipient à eau) sont également présentes.

Exaltant le faste et le prestige social, le banquet est fréquemment représenté dans l’art étrusque, sur les fresques des tombes en particulier. Ces illustrations témoignent alors vraisemblablement d’un banquet funéraire donné par les vivants pour commémorer le défunt. Les banquets étrusques sont moqués pour leur opulence par les Grecs et les Romains, qui parlent de « truphè (la voluptueuse mollesse) étrusque » pour les premiers, ou « d’oboesus Etruscus » (d’Étrusque obèse) pour les seconds. Pire selon eux, la femme y est admise, quand la citoyenne idéale grecque (ou la matrone romaine par la suite) se doit de rester dans la sphère privée (Briquel 1999, pp.157-192).

Cratère à colonnettes en bucchero

Cratère à colonnettes en bucchero, Metropolitan Museum of Art, New York

A partir du VIIe siècle, les céramiques à impasto laissent progressivement la place aux céramiques de bucchero, typiquement étrusques. Les deux productions cohabitant jusqu’au dernier quart du VII e siècle avant notre ère, où l’impasto est définitivement abandonné (Mazet 2015, p.37). L’impasto était alors réservé aux céramiques domestiques, tandis que le bucchero servait aux poteries d’apparat et de cérémonie (Cottier-Angeli 1994, p.66 et s.).

Le bucchero est une céramique entièrement noire (tant en surface qu’en son cœur) montée au tour de potier (dont l’utilisation se généralise à partir des VIIIe et VII e siècles). L’apparence lisse et brillante du bucchero cherche à imiter à moindre coût la vaisselle métallique (Coarelli (dir.) 1975, pp. 25-27).

Le bucchero est exporté dans tout le bassin méditerranéen, tout particulièrement dans le sud de la vallée du Rhône, en Espagne et Tunisie méridionales, en Grèce, sur les côtés de la Mer Noire, ainsi qu’en Égypte, illustrant les routes commerciales étrusques (De Puma 2013, p 87).

Oenochoé italo-géométrique en forme de tonnelet

Oenochoé italo-géométrique en forme de tonnelet, Metropolitan Museum of Art, New York

Les Étrusques ont produit de nombreux autres types de céramiques, tels que la poterie italo-géométrique, inspirée de la céramique géométrique grecque alors importée en Italie à partir du VIIIe siècle (De Puma 2013, p.107).

La céramique étrusco-corinthienne s’est également développée en réaction aux importations de poterie corinthienne par les colons grecs. Vulci faisait partie des plus grands centres de production, aux côtés de Caeré, Véies et Tarquinia (De Puma 2013, p.114).

Arrivent ensuite à l’époque archaïque les importations de céramiques à figures noires, puis rouges. D’abord corinthiennes, les céramiques attiques (en provenance d’Athènes) inondent le marché dès le dernier quart du VIe siècle avant notre ère (Mazet 2015, p.62).

Amphore à col étrusque à figures noires du Peintre de Micali

Amphore à col étrusque à figures noires du Peintre de Micali, Metropolitan Museum of Art, New York

Après la réalisation d’imitations, les ateliers étrusques maîtrisent les véritables techniques à figures noires et à figures rouges, au VIe siècle et à partir du IVe siècle respectivement (De Puma 2013, p. 126 ; Mazet 2015, p.62).

De nos jours plusieurs peintres et ateliers étrusques ont été identifiés, tel que le peintre de Micali, le plus prolifique des peintres étrusques de céramiques à figures noires. Vraisemblablement installé à Vulci, c’est également là-bas que furent mis au jour 39 des 194 vases qui lui sont attribués (Scheffer 2014, p.225).

Stamnos étrusque à figures rouges du Peintre d’Akrathe

Stamnos étrusque à figures rouges du Peintre d’Akrathe : Gigantomachie, Staaliche Museen zu Berlin

Sujets représentés

Orientalisants aux VIIIe et VIIe siècles (sphinges, fauves, caprinés), les motifs sont fréquemment tirés de la mythologie grecque à partir de l’époque archaïque. Les cycles de la Guerre de Troie et d’Héraclès sont souvent représentés, tout comme dans l’artisanat du bronze. Des scènes représentant des athlètes à la palestre (lieu pour les entraînements sportifs) ou bien des banquets ornent également régulièrement les vases. Enfin, gigantomachies (combat des dieux olympiens contre les géants) et amazonomachies (combat contre les Amazones) figurent également au registre des sujets grecs et étrusques représentés.